L’HOMME DE PAILLE

 

EN PREPARATION POUR 2022-2023

Note d’intention 

Acteur et porteur de projet, mon désir premier était d’adapter, composer et interpréter un spectacle qui nous parle du théâtre avec fantaisie, modernité, dans une tonalité proche du music-hall et à partir des pièces inédites de l’auteur Georges Feydeau. 

J’avais également le désir de confronter mon parcours professionnel d’acteur à l’expérience enthousiasmante d’une production œuvre de répertoire à la mécanique implacable telle qu’une pièce de Feydeau : la dimension de pure comédie, intense et sans concession. 

Dans la mise en scène, je souhaitais prendre le parti de la reconstitution du récit de Feydeau tout en mettant en jeu le dévoilement de l’acteur derrière ses personnages. 

Celui-ci se raconte au présent à travers plusieurs thématiques contemporaines. 

Deux acteurs, un musicien, un piano et du chant live contribuent prioritairement au projet du spectacle dès son initiative. J’ai la ferme intention d’y rester fidèle. 

Une adaptation poétique et musicale

Ce sont, à l’origine, les monologues de jeunesse de l’auteur qui ont attiré mon attention et que j’ai ensuite adaptés pour deux voix. Dans la foulée, c’est la lecture d’une comédie en un acte pour deux acteurs, L’Homme de paille, qui m’a séduit par sa modernité dans la langue et les délires du langage qu’elle suscite semblant même déjà annoncer le théâtre de l’absurde.

La place de la chanson live a été importante dans la mise en œuvre de ce montage. 

Les chants avaient pour vocation de dialoguer avec les répliques par analogie dramaturgique. Nous avons choisi d’en faire un matériau ludique, drôle, décalé mais aussi interpellant par ses thématiques pour le spectateur d’aujourd’hui. 

Une Mise en abîme du théâtre et le mauvais rêve 

L’aveu des procédés du théâtre s’impose d’emblée par la mise en présence d’un duo d’acteurs qui prépare le spectacle à vue du public. 

Le vaudeville auquel ils se préparent devient en quelque sorte un pur prétexte à jouer. L’imagination, l’invention se déploie alors sur plusieurs niveaux d’interprétation et de narration : le jeu et le non-jeu, le corps et le verbe haut, la maladresse et la virtuosité, la vibration du jeu, l’angoisse du dérapage, la fable qu’ils portent mais aussi celle qui les rassemblent en scène.

L’essentiel dans la démarche, étant de révéler, sous le prisme de la représentation en train de se faire, les cauchemars de l’acteur en incidence avec la psychologie des personnages de Feydeau. 

Un double jeu entre rêves (imaginaire mis à mal) et celui de la représentation (réel culbutant) rapproche l’action de nos vies et nous permet de nous y identifier.  Une forme de cauchemar éveillé inhérent à l’écriture et déjà présente dans l’univers de Feydeau se déploie sur le ton de la comédie moderne. Les situations de jeu permettent de raccrocher le spectateur à la réalité de la représentation qui dès lors plonge au cœur du processus de création. 

En s’ancrant au présent, les hommes derrière les personnages de la pièce s’aiment et se déchirent comme un vrai couple dans la vie. Ils vont essayer de se « voler la vedette » l’un l’autre ou, par fraternité, l’un va tenter de reprendre le fil de la parole là où l’autre aurait oublié son texte. Que ce soit par la désynchronisation de leurs comportements, par des effets d’artifices ou de cascades mal sécurisées, le combat semble toujours perdu d’avance. Et pourtant, le théâtre qui se joue est une fête éternelle pour nous rappeler que nous sommes toujours vivants.